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"Bien que d'un point de vue scientifique, les couleurs ne soient rien de plus que des ondes réfléchies dans le spectre de la lumière, essayez de dire cela à propos d'un coucher de soleil et vous verrez la tête que l'on vous fera. Le rouge est rouge, et, par conséquent entre dans la catégorie des qualia."
(Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde)


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1Sub rosa (locution)
Littéralement "sous la rose", cette très jolie formule s'explique par une longue histoire. Elle remonte au mythe grec dans lequel Cupidon offre une rose au dieu du Silence pour le remercier de n'avoir jamais parlé des nombreuses frasques amoureuses de Vénus, sa mère.
Vraiaiki
Henri
ordo
2Mais que sont les qualia me direz vous ? Ce sont les principes de la vie qui sont au nombre de quatre : outre la couleur sang, il y a le feu dansant qui réchauffe le corps de l'extérieur, le piment qui le brûle de l'intérieur, et le vin qui réchauffe l'âme.memepasmort  
3Par contre, affirmez que la mer est bleue - ou verte, ou grise - et l'on vous répondra que sa couleur n'est que le reflet du ciel pondéré par la plus ou moins grande transparence de l'eau. Pas question, ici, de qualia.aikiordo
tomahawk
 
4Ceux-ci diffèrent des modèles mentaux selon Johnson-Laird (1983) par le fait qu'ils sont privés, ineffables et intrinsèques, et donc ne permettent pas d'induire une représentation passable d'une situation non vécue. C'est là leur faiblesse, bien sûr. Tout être conscient désire ardemment pouvoir imaginer.tomahawk  
5Par contre, l'objet même du coucher de soleil peut être considéré comme une monade : il est une substance qui se développe suivant des lois intérieures, il a ses propres tendances et c'est, singulièrement, un être indépendant, qui absorbe autant les émotions que la théorie des rais qui préside à notre perception de sa lumière.ordoHenri
aiki
tomahawk

Proposé par Stéliade
Source: p.128, ©2006, Albin Michel S.A.
Publié le 28 décembre 2013

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Commentaire de l'auteur


Stéliade29 octobre 2013, 10:42:51
Oui, encore et encore ce petit livre des mots intraduisibles qui me réjouit tant. Avec une petite malice en plus pour cette fois, la rupture entre passage proposé et suite.

Commentaires des auteurs des propositions


ordo11 novembre 2013, 11:31:17
Cela m’est déjà arrivé, cette histoire du coucher de soleil, plusieurs fois : une fois avec un musicien avec qui nous parlions de la terre, et qui était scandalisé de mes interrogations scientifiques qui selon lui n’avaient aucun sens, une autre fois avec un grand ami quand même un peu plus ouvert, peintre et aquarelliste, à propos d’un nuage : nous avions tous les deux été submergés par l’émotion de son apparition, et mon ami avait alors mis des mots de peintre sur son émotion, mais moi j’étais partie, encore une fois, sur des questions, que me permettait de déduire sa présence, quelle était la conséquence de la chaleur émise par la terre à cet endroit (ça voulait dire qu’il y avait probablement un lac) etc. Là aussi, tête scandalisée…
Depuis j’ai décidé que ce n’était plus la peine de parler avec des gens qui croient qu’on a des certitudes quand on voit les choses de manière scientifique, au lieu de se rendre compte que, au contraire, on a des ignorances et elles nous mènent ailleurs, sur un chemin qui est passionnant, et qui est après tout un chemin comme un autre, qui peut s’ajouter, se soustraire, complémenter, plutôt que castrer et supprimer. Dans mon expérience, ceux qui castrent, ce sont ceux qui se scandalisent et finalement, les personnes les plus scientifiques que je connaissent sont tous des créateurs (musiciens, cinéastes par exemple).

Commentaires des votants


aiki13 décembre 2013, 15:53:40
C'est peut-être bien l'inverse, ou n'importe quelle proposition qui est la bonne. Je choisis la 1 parce qu'elle est la seule à n'avoir aucun rapport avec la phrase proposée, sauf l'ordre alphabetique...

Commentaires divers


Stéliade29 octobre 2013, 11:04:36
Yaouuuuuuurgl ! C'est mon 200ème passage de roman, je suis ému !

ordo11 novembre 2013, 11:36:14
Euh, désolée pour la faute ! j'avais changé ma phrase, et bien sûr j'ai oublié de changer jusqu'au bout.

Stéliade11 novembre 2013, 13:40:21
Beau et touchant commentaire. Rien que pour lui, je suis ravi d'avoir proposé ce passage.
L'argument d'autorité, qu'il soit scientifique, religieux, historique, politique, économique, voire
artistique, est bien pratique pour asseoir le pouvoir d'une caste et maintenir la cohésion. Et ça, que ce soient des soi-disant conservateurs ou des soi-disant progressistes qui en usent, le but est toujours le même : contrôle et asservissement.
Une anecdote volontairement très légère (pas envie aujourd'hui de convoquer les bûchers et les lapidations, ni sous leurs formes anciennes, ni sous leurs formes modernes),
je me souviens d'un jour en Haute-Provence, dans l'épicerie d'un village, il y avait un vieux
du pays qui discutait avec la patronne, sur le plus débattu des sujets du monde : le temps qu'il
fait et va faire.
75 printemps bien tassés, le genre de vieux géologique, qui est autant constitué des pierres de la colline que de chair, qui émane de sa terre, qui semble avoir non pas 75 ans mais 75 millions d'années d'enracinement.
Il sait tout, il est en fusion avec son pays, quand il pleut ses yeux pleurent, quand il fait soleil ses yeux brillent quand le vent souffle ses cheveux volent, et tout les regards des clients, habitués et passagers, convergent vers lui pour recueillir sa parole.
Alors, le vieux sage de l'épicerie, il dit à la patronne, qui l'interroge (oh, une fille de Manosque, peut-être même de Digne, non pas d'Aix quand même, elle n'est pas si pâlotte) : "moi, je suis d'ici depuis toujours, et je peux vous dire qu'il ne pleuvra pas aujourd'hui".
Et tout le monde de pousser des "oooh", des "aaah", yeux soulagés, les mères commencent quasiment à déshabiller les enfants sur place dans la boutique, les poils des mollets des touristes orgasment et se déroulent dans la perspective de randonner, tout juste si le Prophète n'est pas porté en triomphe.
Et, sous mes yeux et mes oreilles, moins de dix secondes après sa sentence, voilà qu'une pluie, une Monstrueuse Pluie, la Mère de toutes les pluies, une véritable mousson, s'abat sur le village, transformant les rues en torrent, claquant les toits et les trottoirs
"Et mmmerde" fait le vieux, en y mettant au moins trois m, en sortant dignement et en songeant sans doute à changer de crémerie pour distribuer à l'avenir ses prédictions à la concurrence, pendant que je me retiens à grand-peine de me pisser de rire. Et aussi en remerciant sincèrement le Ciel de nous avoir offert ce cadeau si précieux : l'imprévisible.

La légèreté de l'anecdote n'enlève rien à la grande valeur du commentaire d'O* auquel je réponds. Je crois, moi aussi, à la complémentarité des savoirs et disciplines, aux questionnement permanent. à l'esprit de curiosité et de recherche, et c'est bon de le voir si élégamment rappelé.

ordo28 décembre 2013, 21:56:13
Merci à Henri :-), et à Leibniz, dont j'adore vraiment la théorie des monades, c'est assez fabuleux. Cela ne plaisait pas du tout à Newton, évidemment, et heureusement qu'ils n'étaient pas dans le même pays, sinon ils se seraient bien bagarrés. Déjà par traité interposé, ils ne se sont pas privés.
Je ne suis pas suffisamment compétente en physique, mais s'ils avaient collaboré, peut-être qu'on n'aurait pas, actuellement, un tel gouffre entre physique newtonienne et physique quantique.

S*, bravo pour la rupture, me suis faite avoir. Mais bon, cela aurait très bien pu être un des anciens qui connaît bien ces pièges (Migou, Henri), ou T*.

Ta réponse me fait aussi penser à ce beau passage de Cartographie des nuages (Cloud Atlas), où la clone Sonmi 451 découvre peu à peu le monde grâce à sa collègue esclave :

Elle fit glisser une tiare d'émeraude sur ses tresses, mit des perles bleu pâle autour de mon cou. Je demandai comment Yoona avait trouvé la chambre secrète.
"Curiosité", répondit-elle.
Je ne connaissais pas ce mot. "Est-ce une torche, ou une clef?"
Yoona répondit que c'était les deux.


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