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"Mon identité n'est jamais close, peut-être ne se révèlera-t-elle que sur mon lit de mort. Il serait irresponsable de clouer des jeunes filles à des identités imaginaires et à ne plus voir dans la fillette que la musulmane supposée, parce qu'elle a le teint un peu mat. Je vous raconte une anecdote :"
(Henri Pena-Ruiz, Les principes de l'idéal laïque)


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1vous le savez, j'ai la réputation d'un homme sérieux, maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris et professeur agrégé de philosophie. L'autre soir, sortant d'un restaurant avec ma femme, je me mets à dessiner un gros sexe sur la vitrine d'un magasin ! Nous nous sommes enfuis en courant et en criant comme des enfants.Renex  
2Quelle ne fut pas ma suprise lorsque je fus nommée manu militari déléguée de classe chargée d'infomer les élèves sur leurs droits et devoir vis à vis du port du voile à l'école. Peu désireuse de remplir une telle fonction sans avoir été élue par mes pairs, j'interrrogeai sur la raison de ma nomination, l'on me rétorqua, "mais, parce que vous en êtes une!"...Naya Stéliade
3J'avais six ans quand un pasteur est venu, un jour, à la maison. Il est resté deux heures. J'étais au fond du salon, presque en face de lui. Eh bien, je suis sûre qu'il ne m'a pas vue! Pas une seconde. Je me souviens très bien que cela m'a fait peur, mais que j'étais grisée par l'idée que je pouvais peut-être ne pas exister. Je pense que c'est là que j'ai commencé à glisser.Henri Renex
4dans une cantine scolaire, une jeune Libanais assez typé se voit tendre automatiquement par l'agent de service qui était là le jour où il y avait le choix entre du porc et du poulet, une cuisse de poulet : délit de faciès. Il avait l'air d'un musulman pour l'agent, comme si on pouvait avoir l'air d'une religion.Vraiponey
Stéliade
Henri
5un jour une ado maghrébine vient dans mon cabinet. Je lui demande si elle désire un sandwich hallal. Là,elle me répond avec un immense sourire "je m'appelle Maellig Caradec, j'ai été adoptée par des parents bretons à ma naissance, vous n'auriez pas du kouig amann ?". La culture du sol ne se confond donc pas forcément avec la culture du sang, il faut sans cesse le rappeler.StéliadeHenri
Renex
poney

Proposé par ordo
Source: Savoirs CDI 2004, p.6 conférences du CDDP d'Ille et Villaine le 9 juin 2004
Publié le 21 septembre 2007

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Commentaires des votants


Stéliade21 septembre 2007, 03:36:41
Excellente la chute de la 4 "comme si on pouvait avoir l'air d'une religion."
Comment dire plein de choses en quelques mots. Je vais dire que c'est la vraie rien que pour cette chute.

La 2 est excellente, dans le même esprit mais l'auteur(e) est un peu distrait et n'a pas regardé le nom de l'auteur du passage je doute qu'un Henri Pena-Ruiz ait été une jeune fille dans sa jeunesse :-)
La 3 (même remarque d'ailleurs) fait carrément froid dans le dos et bien que pas dans le même esprit, elle est excellente aussi.

Bien, d'avoir mis cet extrait, il y a vraiment, en ce moment, des choses à rappeler partout où on peut

poney21 septembre 2007, 13:35:26
J'ai été fort tentée de faire une proposition à cette colle, mais je manquais d'idées originales. J'ai l'impression que tant a déjà été dit sur le sujet, pas seulement pour les musulmans (qui font davantage l'actualité, mais bon..). J'aurais pu parler de la première réaction de mon époux le jour ou c'est une peintre qui s'est présentée pour rafraîchir notre hall... Elle a fait un travail impeccable.
Par déduction, je pense que la seule bonne est la 4. Il ne fallait tout de même pas parler au féminin à la place d'un homme.

Commentaires divers


ordo19 août 2007, 22:59:16
Bravo Naya ! j'aurais sûrement voté pour toi :-)

poney21 septembre 2007, 13:39:15
Quant à avoir l'air d'une religion, c'est vrai que la phrase est belle pour les citoyens "normaux". Je crains pourtant qu'il existe des personnes qui souhaitent fotement avoir l'air de leur religion.

Renex21 septembre 2007, 18:02:45
Je n'aime pas trop l'agressivité de la "vraie". Pourquoi voir un "délit" de faciès, là où le pauvre homme ne suivait que son habitude ? Dur dur, les rapports inter-ethniques...

Henri22 septembre 2007, 08:25:35
Désolé, que ce soit l'auteur qui s'exprime et non un personnage ne m'a pas paru évident.
Je suis d'accord avec Renex.
Ne pas présager de ce qu'est peut-être ou sans doute quelqu'un, et agir envers lui de façon neutre et ouverte, montre une bonne éducation, une civilité attentive.
Pour autant, il me paraît absolument hypocrite de nier que nombre de gens ont effectivement l'air de leur religion (y c. certains athées), avec ou sans intention d'ailleurs, et cette observation est susceptible de ne pas s'accompagner de jugement de valeur.
Après, que les attitudes individuelles qui engendrent cette image conformiste soient bien souvent le corollaire d'un certain "enfermement" et donc d'intolérance est une autre histoire...

Stéliade22 septembre 2007, 11:13:46
Il me semble justement que c'est cette "autre histoire" qui est racontée, ceci ne préjugeant précisément pas d'une "intention", ni d'un jugement, mais simplement d'un automatisme.
C'est peut-être l'ajout du terme "délit" dans le passage qui rend l'ensemble du passage un peu trouble et lui fait d'ailleurs finalement un peu perdre son impact.
Et moi-même, en ces temps où l'étranger est trop souvent désigné comme indésirable, et ayant des amis directement concernés par certaines mesures et airs du temps, je tends à perdre assez facilement le très peu de finesse qui me restait.

Et, autre chose, pourrais-tu me dire de quoi "a l'air" un athée, je serais curieux de savoir :-)

poney22 septembre 2007, 11:21:59
Tout à fait d'accord avec vous.
Voilà qu'en lisant les réponses et vos commentaires me revient l'anecdote familiale la plus récente. Mon père (qui m'a d'ailleurs légué ces caractéristiques) est un Belge plutôt petit, au teint très mat, yeux et cheveux foncés (enfin, actuellement gris, mais cela ne change rien à son type nettement méditerranéen).
Pour une obscure raison administrative, il s'est rendu à la maison comunale (la "mairie" belge) de Molenbeek où il est né, pour demander un extrait d'acte de naissance. Il s'agit d'une commune à forte densité d'immigrés qui réserve donc un guichet à ceux-ci (autre sujet de discussion: est-ce de la discrimination?). Papa est bien sûr allé au guichet "normal" où la préposée lui a demandé de s'adresser au guichet des immigrés. Le malentendu a vite été dissipé, a fait rire tout le monde, et voilà.
Pour autant que cela intéresse quelqu'un, ma conclusion est qu'il faut toujours essayer de connaître la personne avant de la classer dans telle ou telle catégorie, mais, comme vous le disiez, le préposé à la cantine comm la guichetière ne voulaient plus que probablement que rendre service... Et si tout acte de la vie quotidienne peut se voir chargé de soupçons d'intentions cachées, je trouve que cela devient très lourd..

poney22 septembre 2007, 11:39:44
Je précise: d'accord avec Renex et Henri, car il semble que Stéliade écrivait en même temps que moi et donc je n'avais pas lu son "post" quand je rédigeais le mien.

Dans la foulée de ma dernière phrase, pour Stéliade, je voudrais dire que l'interprétation des actes de tous les jours dans nos pays aprés tout privilégiés, peut prendre des relents paranoïaques qui m'inquiètent parfois. Sommes-nous donc tous des Hitlers en puissance?
Sur ce, je pense que je vais profiter du soleil qui brille enfin. Bon week end à tous...

Stéliade22 septembre 2007, 11:55:40
Si tu m'avais fait l'honneur de me lire moins rapidement, tu aurais constaté que je parlais précisément d'automatismes sans intention, mais ce n'est pas grave, le soleil t'appelait :-)

D'autre part, la puissance des "Hitlers" comme tu dis, repose précisément sur ceux qui ne sont PAS comme lui, mais qui, d'habiles arguments en glissements progressifs et insensibles, laissent de plus en plus de marge de manoeuvre à certains discours et actes, et finissent, par paliers, en serviteurs zélés.

Fabrice22 septembre 2007, 11:55:58
Je me joins à la chorale, n'aimant pas du tout les procès d'intention. Effectivement, le terme délit n'est pas à sa place dans ce passage. D'un autre côté, les passages choisis pour le jeu du roman n'ont pas à être politiquement corrects (ou corrects tout court).

Henri23 septembre 2007, 08:44:39
Stéliade, ne nous méprenons pas; en soi, un athée n'a l'air de rien.
Mais, selon mon expérience qui n'a évidemment pas valeur de règle, certains portent sur eux un athéisme crispé comme d'autres leur raideur fanatique.
Dans tous les cas, c'est moins la religion qu'on sent que la crispation de la croyance...

ordo23 septembre 2007, 10:51:47
Je suis étonnée que vous preniez tous l’expression « délit de faciès » de cette manière, surtout sur pion. Elle signifie seulement, en France en tout cas, que quelqu’un a porté un jugement important en se fondant sur l’apparence. Votre réaction, c’est un peu comme si vous parliez d’appeler les pompiers lorsque quelqu’un vous dit « je meurs de rire ».
Mais si l’on poussait la question, oui, il est bien interdit dans la loi française d’avoir, dans un établissement public d’éducation, des expressions verbales ou des comportements fondés sur une soi-disant appartenance ethnique ou religieuse. Elèves, profs et agents confondus.
A part ça, hum, Fabrice, ce texte n’est ni politiquement correct ni incorrect il est seulement… dans l’esprit de la loi française actuelle, qui tend à ménager le mieux possible l’indépendance entre une identité nationale et une identification à une religion.

Je rassure Renex : la loi sur la laïcité est dans le collimateur du nouveau président français, très rapidement une nouvelle loi va être votée, et tout porte à croire qu’elle sera du style « préférence religieuse », comme à Vitrolles on appliquait des principes de « préférence nationale ». Donc il n’y aura plus de pauvre malheureux agent de cuisine qui se trompe, et dont l’erreur empêche ensuite de dormir (savoir si le jeune élève libanais a pu être blessé qu’on lui accole une étiquette sur la couleur de sa peau, évidemment, n’est pas du tout pertinent, n’est-ce pas…). Pour l’aider à ne plus jamais se tromper, je suggère qu’on établisse des signes distinctifs, ça ira plus vite comme ça : une étoile jaune pour ceux qui ne prennent pas de porc ?
(Tiens, au fait, le saviez-vous ? dans ma ville la « soupe populaire » servie en hiver pour les SDF est toujours cuisinée à base de porc, à croire qu’il n’y a aucune autre viande dans la région.)

Pour les autres : il me semble que vous avez laissé de côté le détail le plus important de l’anecdote de l’auteur, c’est-à-dire le fait que le jeune élève était libanais. Ce n’est pas anodin, le Liban est un pays mélangé au niveau des cultures et des religions, avec des chrétiens de toutes confessions, comme des musulmans de toutes confessions, comme des athées de toutes non-confessions. Aussi un pays qui a souffert énormément, qui continue de, et où les souffrances sont en partie dues à ce manque de ralliement à l’une ou l’autre de ces trois voies.
La réaction de l’agent est donc bien une erreur, dans ce contexte, minime pour lui sans doute, mais peut-être importante pour l’enfant, susceptible de par ce genre de réaction d’adulte de prendre un parti de violence qu’il n’aurait pas choisi sinon. J’ai personnellement été témoin d’une anecdote comme celle-là, et si le prof d’à côté n’avait pas retenu fermement le bras de l’élève, l’agent se serait pris un plateau garni dans la figure. Incident violent classique.
Si entre l’agent de service et l’enfant libanais (du texte, pas de mon anecdote personnelle) votre cœur balance, ce n’est pas le cas pour moi, il me parait extrêmement important de mettre le moins d’étiquette possible aux élèves issus d’origines sensibles comme celle-là. C’est vraiment une question de respect.


Renex23 septembre 2007, 20:55:43
Eh ben dis donc Ordo. Je ne sais pas si le pauvre cuisinier a bien dormi, mais toi, ça n'a pas l'air de t'empêcher de dormir de m'attribuer des opinions politiques aussi déterminées !

Fabrice23 septembre 2007, 21:11:30
Je n'utilise pas souvent l'expression, mais je suis sûr que délit de faciès, c'est plus que cela. Texto, c'est présumer que quelqu'un a enfreint la loi en ne se basant que sur son apparence. Supposer qu'un enfant basané est musulman ne porte aucun jugement de valeur sur lui. Dans l'histoire racontée, le cuisinier aurait tout aussi bien pu être lui-même musulman (ou était-il trop blanc pour cela?).

Avec la meilleure volonté du monde, tous les jours nous faisons des inférences volontaires ou non qui changent notre comportement, en nous basant sur rien de plus que l'apparence de notre interlocuteur. Bien ou mal, je ne sais pas, je ne crois pas qu'on y échappe. Ce qui me semble important, c'est de ne pas pratiquer l'exclusion sur cette base.

Fabrice23 septembre 2007, 21:14:13
C'est vrai que je me demande bien où Renex a pu sous-entendre qu'il était contre la laïcité ou l'égalité des religions. Dans une autre discussion ?

ordo23 septembre 2007, 22:14:29
bah, je n'espère pas te convaincre que cet incident est autre chose qu'une banalité sans signification, un détail, j'avais juste envie de parler aujourd'hui, c'est tout... mais je n'espère absolument pas qu'on partagera forcément mon point de vue, ni que Renex ne sera pas désagréable, ni que pour une fois on lira mon message en entier et quelques points de réflexion seront exposés, c'est dans l'ordre des choses (et aussi dans l'ordre des choses que je m'exprime)
à bientôt tous, les amis...

Fabrice23 septembre 2007, 22:46:55
ordo, j'ai lu ton message en entier et avec intérêt, c'est vrai que j'ai tendance à réagir sur ce avec quoi je suis en désaccord. Je veux bien croire que je verrais peut-être les choses différemment si je vivais le quotidien d'un école française, et que ça ne doit pas être facile d'éduquer les enfants à la tolérance. Peut-être que dans ce cadre, ce genre d'incident prend une dimension supplémentaire. Je reste toutefois choqué par le mot délit dans ce passage.

ordo23 septembre 2007, 23:27:43
je pense que Pena-Ruiz, comme beaucoup d'auteurs de ce genre, a tendance à utiliser des expressions toutes faites (défaut de pédago), ça explique ton choc
sinon pour l'éducation des enfants à la différence et à la tolérance, c'est vrai que c'est difficile, mais l'incident d'ici parle plutôt d'éduquer... les adultes :-)

ordo23 septembre 2007, 23:30:38
au fait, avec tout ça j'ai oublié de dire, Steph, que je pense qu'il était possible, à mon avis, de prendre un point de vue de jeune fille (Naya, Henri). Après tout l'auteur aurait pu à un moment citer un long témoignage, ou quelque chose comme ça. Pas évident, mais possible.

poney24 septembre 2007, 10:27:53
Je suis contente de relire cette discussion à tête plus reposée.

Fabrice m'ôte les mots de la bouche.
Je trouve que le "délit de faciès" (version française et politiquement correcte du "délit de sale gueule", selon moi) m'incite à penser que l'auteur fait un procés d'intention assez méchant au préposé de la cantine.

Et si je peux me permettre de relever une petite faille dans ton raisonnement d'hier à 10h51, ordo, c'est que ce malheureux préposé devait à la fois faire abstraction du teint de l'élève et être encore plus prudent du fait que celui-ci était Libanais. C'est beaucoup demander. De plus, tout "jugement" ne peut dépendre de tant de détails qui ne sont pas mentionnés: et si ce garçon aimait le poulet?

Alors, la tolérance, évidemment, la protection des enfants, bien sûr, mais parfois on se penche tellement sur les détails qu'on ne voit plus les énormités (il y a un truc - biblique je crois - sur la paille et la poutre , dont je me souviens vaguement - à vos dicos de locutions françaises...)

ordo24 septembre 2007, 12:26:03
ben oui, poney, il aimait peut-être le poulet, ce garçon, en tout cas j'espère pour lui, parce que personne ne lui a rien demandé, apparemment... Je comprends parfaitement ton raisonnement, j'entends ce genre de discours tous les jours, toutes les semaines, tous les mois, dans tous les journaux locaux ici, dans ma ville française. Donc, je suis un peu habituée. On n'aurait pas élu notre actuel président avec une majorité écrasante si la majorité des français n'était pas d'accord avec toi.
Mais sincèrement, je pense que tu n'as même pas essayé simplement de comprendre ce que disait l'auteur, l'enjeu, la signification profonde de ce qu'il disait. Tu n'as même pas essayé, pas à un seul moment, de te mettre à la place de la personne "différente" à qui on jette sa différence à la figure, automatiquement, comme si c'était naturel. Il ne s'agit pas, ici de sanctionner l'agent en quoi que ce soit, il s'agit de repérer toutes les actions qui deviennent évidentes pour tous, dans une certaine ambiance, une certaine atmosphère. Donc, bon, je ne peux pas ajouter grand chose à cela...
Amis belges, suisses et québecois, je vous envie, vous ne vivez cette particulière frustration de ne rien pouvoir faire à l'établissement progressif d'un régime que je juge dictatorial. Pire, de voir ce régime excusé, et même encouragé par des raisonnements du type énoncé au-dessus.

poney24 septembre 2007, 13:13:35
Chère ordo, il y a une foule de sujets pour lesquels je ne suis pas du tout d'accord avec votre président, si tu veux que je me prononce là-dessus.

Par ailleurs, je ne pense pas que tu aies à nous envier. Nous belges, nous avons des problèmes "communautaires" (mot de politique belgo-belge, n'ayant normalement rien à voir avec le communautarisme que la levée des identités a fait naître dans les pays anglo-saxons et qui semble envahir petit à petit le monde...) pas piqués des vers non plus. Il y a d'ailleurs un auteur d'origine libanaise, Amin Maalouf - que j'aime beaucoup - qui cite la Belgique comme ayant des problèmes comparables à ceux du Liban, avec cette très heureuse exception que nous ne sommes pas au proche Orient et n'avons pas (encore?) la mauvaise habitude de régler cela par les armes.
De plus, il y a aussi des maghrébins dans nos écoles et j'ai même entendu un petit garçon refuser le spaghetti de l'école, préparé avec du boeuf, parce qu'il ne provenant certainement pas d'une boucherie hallal. Il allait le dire à ses parents et je ne sais pas ce qui en est advenu; là, j'étais plutôt du côté de la dame de la cantine (comme on dit chez nous...)

Dernière remarque avant de me taire, car je risque de m'énerver davantage: qu'est-ce qui te permet de croire qu'il ne m'est jamais arrivé d'être mal comprise ou mal jugés sur un simple problème de "différence" jetée à la figure et/ou que je n'essaie pas de me mettre à la place des autres?

Une félicitation, tout de même: de tels passages suscitent une polémique bien intéressante. Internet a cela de bon, qu'on ne peut pas non plus en venir aux mains ;-)

Henri24 septembre 2007, 14:45:22
Houla, toutes ces sensibilités à fleur de peau !
Je crois que si l'on creuse honnêtement, la vie quotidienne de chacun fourmille d'actes basés sur des a priori, sans mauvaise intention aucune (je ne rentre pas dans les domaines de la méchanceté ou de l'ostracisme). Je ne pense pas être loin de la vérité si j'affirme que nous sommes tous des auteurs et des victimes constants de tels actes spontanés. Et si certaines communautés sont plus en vue que d'autres et rendent la chose plus sensible, cela ne change rien sur le fond.
On revient toujours à la difficulté de bien communiquer, de poser les bonnes questions, au peu de réel intérêt ou de réelle curiosité envers "l'autre". L'idéal d'attention et de civilité que j'évoquais plus haut est forcément très minoritaire.
Reprenons ce cas de cantine, ordo : si l'agent de service, coincé dans ses idées préconçues, avait tendu avec la même autorité le porc au jeune Libanais, le délit de faciès prenait là tout son sens.
Cette cuisse de poulet dénote un geste primaire, certes, mais plutôt gentil.
Quant à la communauté des meurtris-généreux-réfléchis-indignés, envers et contre tout, cultivons notre jardin...

ordo24 septembre 2007, 16:18:02
je ne me considère pas comme faisant partie de ta communauté sus-dite, Henri. Malheureusement, je fais plutôt partie de la communauté très majoritaire des passifs/gentils/trouvant excuse à tout/cultivant son jardin avec sérénité et lumière/ laissant faire tout le monde...
Si les gens étaient moins élégants et laissaient moins faire, il y a peut-être des choses qui ne se passeraient pas.

mais comme je disais de toute façon plus haut, tout cela est obsolète maintenant, pas mal de nouvelles lois vont être votée sur la question

donc pas trop la peine de se disputer pour ça :-))

Renex24 septembre 2007, 18:27:27
C'est normal de respecter les libanais. Pourquoi pas d'abord ? Quand c'est aux dépens de son voisin cuisinier, ou des quidams pionistes, ça me pose problème.
Ne pas accepter l'honnêteté des honnêtes gens, c'est ne pas les respecter.
Une mère de famille qui respecte les uns et pas les autres, ça peut fabriquer des monstres. Cette race de monstres qui violent les enfants, qui tuent en riant,... pour avoir été élevés avec des valeurs tordues de respect sous conditions, affirmées pourtant avec force sans la moindre parcelle de doute... J'ai du mal à digérer ce que je viens de lire.

poney24 septembre 2007, 18:38:54
Merci, Henri, d'avoir apaisé mes irritations. Il est vrai que j'ai eu une journée de M... et elle n'est pas encore finie. Un coup d'oeil à mon jardin, pourquoi pas?

Renex, je ne comprends pas bien ta derhière phrase. Ou plutôt, l'avant dernière, celle que tu ne digères pas.


Henri24 septembre 2007, 18:45:43
Juste pour être sûr de te comprendre, ordo : il te paraît antinomique de cultiver sereinement son jardin et de prendre position, ne pas se laisser faire, défendre qqch ou qqun ?

De fil en aiguille, nous en sommes venus à évoquer là des traits profonds de la nature humaine, pas seulement leur expression sociale. Alors, les lois...

Ah bon, tu as l'impression de te disputer ?

Henri24 septembre 2007, 18:54:49
T'as vu, Fabrice ? Même plus la peine de lancer des discussions; faut juste trouver le bon thème, et hop, ça galope tout seul !

Personne a un passage sur les corridas ?

ordo24 septembre 2007, 20:52:50
Dans une certaine mesure, oui, Henri, ça me paraît non pas antinomique réellement,mais différent.
Je m'explique : cultiver sereinement son jardin, c'était une expression pour parler de ces gens (dont j'espère faire partie) qui essaient(je dis bien essaient) de travailler sur eux-mêmes, de s'améliorer, de devenir meilleurs, de se connaître profondément, de prendre conscience de leur lien avec l'univers,etc...
or, je ne sais pas si c'est seulement moi, mais ce travail m'amène immanquablement à la conscience de l'inanité de prendre une chemin ou un autre, à l'inanité d'un mouvement dans un sens comme d'un mouvement dans un autre. En tout cas, c'est mon impression : cette idée que, être très cartésien, avoir une chose ou son contraire, un avis ou son contraire, est toujours un point de vue, donc quelque chose dont on n'arrivera jamais à déterminer la réalité. Pour simplifier,c'est un peu ce que dit le boudhisme, si tu veux (pour amener d'autres philosophies dans ce fil :-) ). L'idée, c'est bien sûr de rechercher ce qu'il y a derrière ou dessous ces directions contraires

donc, si on a l'habitude de travailler dans ce sens, je trouve, moi, qu'il est alors de plus en difficile, non pas d'avoir un avis tranché,mais de l'exprimer avec énergie, parce qu'on n'est jamais jamais sûr d'avoir raison, ni que ce soit important d'avoir un avis là-dessus.

et c'est là que le bât blesse, dans la société ou la politique : finalement les gens les plus honnêtes sont souvent ceux qui vont hésiter fortement, non pas à voter ou à donner leur avis, mais à le "défendre" réellement, ou à essayer de convaincre les autres.

Alors qu'en face, sévit la propagande... et le résultat, ce sont des leaders de type dictatorial

tu vois?

Henri24 septembre 2007, 22:59:01
Oui, je vois.
C'est gentil de venir faire un petit tour à la maison !
Je donne exactement le même sens que toi à la formule de Candide, et suis aussi absolument fataliste.
Mais là où semble peser sur tes épaules l'évidente inanité principielle des choses, des croyances, de la vie même, j'y vois un trésor absolu : puisque le manifesté, au sens métaphysique, n'est qu'une (longue) illusion, que tout ce qui fleurit ne manquera pas de pourrir (et inversement), pourquoi ne pas profiter du peu de temps dont nous jouissons par miracle pour cultiver ce merveilleux mirage, par la joie, le plaisir, le partage, la chaleur, la beauté, l'esprit, la simplicité, la sagesse, l'amour en un mot ? n'est-ce pas la finalité de tout travail sur soi.
Et de jeter ses forces dans cette bataille, de défendre bec et ongles l'opprimé (et le beau l'est beaucoup), d'être et rendre heureux me paraît d'autant plus savoureux, et noble, que j'en sais parfaitement l'inanité foncière !
A l'instar de Don Juan (le maître yaqui de Carlos Castaneda), je pense que la "justesse" des choses s'éprouve bien moins dans ce que l'on fait que dans la manière dont on le fait.

Rions et oeuvrons la fleur au fusil pendant qu'il en est temps.

Mais je comprends qu'une vue plus sociétale t'importe, ordo...

Fabrice25 septembre 2007, 14:28:12
Je trouve que c'est une très belle philosophie, Henri, et si ma phrase (ou mon atavisme) pourrait éventuellement faire penser que j'ironise, sois assuré que ce n'est pas le cas.

poney25 septembre 2007, 16:11:20
J'adhère aussi, mais ce n'est pas nécessairement facile tous les jours, merci Henri.

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