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"Le directeur en question ignorait tout de la peinture mais n'osait l'avouer. Monet le laissa patauger quelques instants puis daigna lui annoncer la grande nouvelle. "J'ai décidé de peindre votre gare. J'ai longtemps hésité entre la Gare du Nord et la vôtre mais je crois finalement que la vôtre a plus de caractère." Il obtint tout"
(Jean Renoir, Pierre-Auguste Renoir, mon père)


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1ce qu'il demandait : l'accès à la gare à toute heure, l'aide d'un porteur pour déplacer son matériel partout où il le souhaitait, jusqu'à ce qu'enfin il trouve l'endroit qui lui convenait le mieux, et l'heure à laquelle la grande verrière était illuminée par le soleil, décomposant ses rayons en de multiples arc-en-ciel.aikiMigou
Renex
2ce qu'il demandait, et le plus drôle, c'est que le directeur lui voua dès lors une admiration sans bornes. C'est à ce moment-là que j'ai compris qu'il me suffirait pas de savoir peindre.Fabrice  
3ce qu'il désirait, absolument tout. On redécora les fers forgés, on y pendit des dentelles, on étala du rouge bien brillant sur les voies, puis du bleu, on engagea du nouveau personnel, pour qu'il y ait une foule plus compacte, on construisit des stands en carton pâte. On n'aurait pas fait mieux à Hollywood pour la Belle et la Bête.ordo aiki
4d'abord l'autorisation de planter son chevalet sur la place de la gare librement, en pleine journée, contre un portrait de la femme du directeur des services techniques et un autre de la fille du chef de gare. Manquant alors de couleurs, il entreprit, pour payer ses fournitures, de faire le portrait des bourgeois qui attendaient leur train au soleil.Renexaiki
ordo
 
5ce qu'il voulut. On arrêta les trains, on évacua les quais, on bourra les locomotives de charbon pour leur faire cracher la fumée qui convenait à Monet. Celui-ci s'installa dans cette gare en tyran, y peignit au milieu du recueillement général pendant des journées entières et finalement partit avec une bonne demi- douzaine de tableaux, salué bien bas par le personnel, directeur en tête.VraiRenex
Migou
ordo

Proposé par Stéliade
Source: p.187, Folio n°1292, © Editions Gallimard 1981 pour la présente édition.
Publié le 18 décembre 2006

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Commentaire de l'auteur


Stéliade1er novembre 2006, 00:17:41
Jean Renoir, le cinéaste, raconte dans ce passage l'admiration de son père Pierre-Auguste, le peintre, pour son ami, colocataire et confrère, le très flamboyant Monet, ici dans un de ses plus beaux coups d'audace, consistant à se présenter au culot à la Gare St Lazare de Paris en demandant ni plus ni moins au directeur que de tout stopper pendant plusieurs jours, trains et voyageurs, afin de lui laisser la place :-)

ps : la grrr contrainte de limites des caractères m'a obligé à replacer "il obtint tout" dans l'énoncé du passage et non dans la suite. Vous aurez donc-à l'issue de ce tour et à mon regret-composé sur du prévisible, mais je fais confiance à votre créativité pour être surprenants malgré tout.


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