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"Quatre-vingt-huit intrépides parmi les plus farouches guerriers et chasseurs furent armés et lancés sur les pas du fugitif. Rapidement, il le rattrapèrent et l'encerclèrent, l'interpellèrent et le menacèrent. Vous, Maclédio, en silence, vous"
(Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages)


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1avez continué à marcher tranquillement comme si vous ne voyiez pas la meute de tueurs brandissant des haches, fusils, flèches et piques, hurlant et sautant derrière et devant vous sur la piste et à vos droite et gauche dans la forêt. Vous saviez que tant que vous teniez solidement le sac macabre aucun Bamiléké dans ce monde n'oserait vous agresser. De temps en temps, vous faisiez arracher des cris d'horreur à la horde en esquissant les gestes impies de briser les crânes sur un tronc d'arbre. Sur près de cent cinquante kilomètres, une nuit et deux jours, vous avez poursuivi votre route encadré par vos poursuivants assassins.VraiKro
Migou
naja
Renex
 
2allez nous suivre jusqu'au village, où vous serez emprisonné. A ces mots, le criminel répondit un "sans façons" nonchalant. Les villageois, qui n'osaient braver les dieux de la politesse, rentrèrent bredouille de cette chasse à l'homme.
Maclédio s'enfonça alors dans la jungle afin de trouver une autre tribu plus dupe encore.
Adrien Spiralo Migou
3avez distinctement prononcé sa sentence de mort. Je veux dire que n'importe quel mot de vous auraient pu sauver cette vie. Sauf "tue", peut-être. "Mort" non plus, ça n'aurait pas marché. Et si vous aviez dit un mot qui ne veut rien dire, on ne vous aurait pas écouté. Mais même cela il aurait mieux valu le dire que de ne pas le dire, Maclédio.Fabrice  
4allez vous dresser sur la jambe droite, puis vous imiterez la parade nuptiale du serpent python. Tel est le sort réservé aux déserteurs; l'humiliation publique.Migou Kro
5attendiez le coup de grâce, la tête baissée, et comme absent, alors que les silhouettes menaçantes des guerriers se rapprochaient de votre faible carcasse.portokali naja
Renex

Proposé par poney
Source: Edition du Seuil, collection Points p762
Publié le 18 août 2005

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Commentaire de l'auteur


poney1er juillet 2005, 09:24:06
Vous connaissez peut-être cet auteur par le fameux "Allah n'est pas obligé" qui l'a fait connaître par chez nous. Mais ce n'est pas tout. Ses autres oeuvres sont aussi excellentes. J'aurais voulu vous présenter je ne sais combien d'autres passages du livre ci-dessus, tous plus savoureux les uns que les autres (selon moi). Un autre très bon livre de lui "Les soleils des indépendances". Je sens que je ne vais pas m'arrêter là. Malheureusement, il est mort il y peu, l'année passée, je pense...

Commentaires divers


poney17 août 2005, 22:59:46
Il faut dire que Maclédio a volé dans une case sacrée les crânes des ancêtres de la tribu Bamiléké. De là un dilemme atroce pour les Bamilékés: ils veulent châtier Maclédio pour ce crime monstrueux, mais en même temps, ils ne peuvent rien faire, car ils risqueraient de profaner gravement ces précieuses reliques.

Migou18 août 2005, 20:05:57
Je me demande comment tout ca va finir, est-ce que macledio va réussir à s'en sortir, et comment?

poney21 août 2005, 20:19:58
il faut lire le livre pour cela... Je ne serai pas chienne, je vais tout de même te donner quelques indications.

Maclédio s'en sort quasi toujours, car c'est un conteur - et il en conte de toutes les couleurs à toutes les tribus qu'il visite. Finalement il finit par devenir le conteur, prote-parole et journaliste du grand dictateur Koyaga de la république de Golfe (inspirée paraît-il par le Togo). Voici un lien qui pourra t'éclairer sur le sujet.
Le livre n'est pas seulement bon par la vision subversive (et juste, selon moi) qui a attiré certaine ennuis à son auteur, mais aussi par le style, savoureux et inspiré par les gestes et veillées aficaines.

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